Étude régionale : 188 000 demandes de logement social en Nouvelle-Aquitaine – retour sur la rencontre du 15 septembre 2025

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Le 15 septembre 2025, l’Union régionale Hlm Nouvelle-Aquitaine a présenté, en partenariat avec Sud Ouest, son étude régionale sur la demande de logement social, réalisée en partenariat avec l’AFIPADE. Plus de 160 participants – élus, bailleurs, partenaires institutionnels – étaient réunis à Bordeaux pour débattre des résultats et échanger lors de deux tables rondes.

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Chiffres clés de la demande de logement social en Nouvelle-Aquitaine au 31/12/2024

Une demande en hausse constante

Présentation de l’étude par Nicolas Blaison, Directeur Régional de l’URHlm.
L’étude révèle un niveau inédit de pression : 188 362 demandeurs en 2025, soit une hausse de +24 % en trois ans. Et des délais d’attente qui atteignent aujourd’hui, à l’échelle de la région Nouvelle-Aquitaine, 15 mois en moyenne (11 mois en médiane), avec des tensions particulièrement fortes sur la metropole bordelaise et la façade littorale, de l’Ile de Ré à Hendaye.

Cette augmentation des demandes s’explique par de multiples facteurs :

  • L’arrivée de nouvelles demandes dans un contexte socio-économique tendu
  • Baisse des attributions dans le parc social (en raison du ralentissement de la production et de la baisse du taux de rotation en passant de 10,4 % en 2018 à 7,8 % en 2023 en Nouvelle-Aquitaine).
  • Contraction des marchés immobiliers privés qui limite la capacité des demandeurs à trouver une alternative en dehors du parc social et limite donc les “sorties” de la demande vers un autre parc
  • Obstacles normatifs et fonciers qui freinent les projets.

Un stock de demandes en mouvement

La demande évolue constamment : de nouveaux ménages déposent une demande, d’autres en sortent, soit parce qu’ils ont obtenu un logement social, soit parce qu’ils ont trouvé une solution ailleurs, ou encore parce qu’ils ne répondent plus aux critères d’éligibilité.

Le niveau global de la demande résulte donc d’un équilibre entre entrées et sorties.
En 2024, sur 99 425 sorties, 27 % sont liées à des attributions, 67 % à des non-renouvellements et 6 % à d’autres motifs (abandon, irrecevabilité, absence de réponse).

Or, depuis plusieurs années, cet équilibre est rompu : les nouvelles demandes sont plus nombreuses que les sorties.

Qui sont les demandeurs de logement social en Nouvelle-Aquitaine et que recherchent-ils ?

72% des demandes sont faites par des primo-demandeurs (locataires du parc privé, situation de décohabitation…) 

Pour les nouveaux demandeurs, majoritairement des personnes seules

  • 49% des demandeurs sont des personnes seules
  • 25% sont des familles monoparentales

Majoritairement actifs et modestes

  • 46 % actifs
  • 90 % ont des revenus inférieurs au salaire médian régional (En Nouvelle-Aquitaine, en 2021 selon l’INSEE, le revenu médian s’établit à 22 710€ par unité de consommation par an, soit environ 1 900€ par mois).

Une demande locale, voire ultra-locale

  • 49 % demandent dans leur commune,
  • 82 % dans leur département

Des motifs de demandes cohérents avec les situations familiales

  • 21,3% déclarent avoir un logement trop cher
  • 21,1% sont locataires d’un appartement trop petit.

Deux tables rondes pour débattre

Table ronde 1 – Comprendre la demande et ses blocages ​

La première séquence a permis de croiser les regards des acteurs institutionnels et politiques :

  • Christophe Duprat (Association des maires de Gironde et Maire de Saint Aubin de Médoc ) a développé le point de vue des élus locaux.
  • Marie Récalde (députée de Gironde, administratrice ANRU) a insisté sur l’urgence d’une réponse politique adaptée.
  • Virginie Monti (Directrice de la CAF 47) a souligné l’impact social des délais d’attente pour les familles.
  • Stéphanie Bonnet (Directrice Générale d’Ekidom) et Jean-Baptiste Desanlis (Directeur Général Délégué de Domofrance) ont témoigné du quotidien des bailleurs sociaux face à l’allongement des délais et à la difficulté de fluidifier les parcours résidentiels.

Table ronde 2 – Des pistes pour agir ​

La seconde table ronde, résolument tournée vers l’innovation et les solutions, a mis en lumière plusieurs perspectives :

  • Muriel Boulmier (Présidente de l’URhlm et Conseillère Régionale) a rappelé que « 188 000 demandes actives en Nouvelle-Aquitaine à ce jour, ce chiffre à lui seul dit l’urgence ». Elle a insisté sur la nécessité de sortir d’une lecture strictement quantitative de la demande, pour mieux comprendre les parcours, affiner les politiques locales et construire des réponses adaptées.
  • Didier Mignery (Directeur d’UpFactor) a présenté des solutions de surélévation et densification, offrant « des centaines de possibilités pour Bordeaux ».
  • Philippe Petiot (Directeur Général de Procivis Nouvelle-Aquitaine) a mis en avant le rôle de l’accession sociale et de l’investissement citoyen.
  • Isabelle Boudineau (Conseillère régionale, Présidente de la délégation française au Comité européen des Régions) a ouvert le débat sur un renforcement des fonds structurels régionaux en faveur du logement social.
  • Auxence Moulin (Airbnb France) a ouvert le débat sur les controverses autour des plateformes comme Airbnb : « bouc émissaire ou partenaire ? »

En conclusion, M. Étienne Guyot, préfet de région Nouvelle-Aquitaine, a rappelé que le logement social est un pilier de la cohésion sociale et du développement territorial. Il a réaffirmé la volonté de l’État d’accompagner collectivités et bailleurs pour lever les freins et redonner de la fluidité aux parcours des ménages.

Des pistes pour sortir de l’impasse

De ces échanges, plusieurs leviers se dessinent :

  • Simplification des procédures pour accélérer la construction et les attributions.
  • Mobilisation foncière par la libération de terrains publics et la densification maîtrisée.
  • Financements adaptés

Cette rencontre a permis de mettre en lumière l’ampleur des besoins en logement social en Nouvelle-Aquitaine. Les échanges ont souligné la nécessité d’une mobilisation collective et durable, afin que les constats mis en lumière par l’étude puissent se traduire en actions concrètes, au service des habitants et des territoires.

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